Station Flottante : artistes en résidence à bord d’une utopie pirate

Publié le 28.07.22 — Par Manon Schaefle

Cinq artistes et collectifs d’artistes sonores embarqué·e·s, plus de 127 km de voies fluviales parcourus en cinq semaines d’itinérance et pas moins de quinze événements-escales… Les compteurs de l’Urban Boat, péniche qui a accueilli du 15 juin au 17 juillet 2021 les résidences artistiques du programme Station Flottante en partenariat avec le Collectif MU, attestent d’un été prolifique. On vous propose de revivre ses pérégrinations.

Texte : Manon Schaefle

Photos : Sasha Walter

L’eau, domaine des rêves du collectif MU

Si le Collectif MU a trouvé une heureuse terre d’accueil en lieu de La Station - Gare des Mines, ses incursions en zone liquide nous portent à une époque antérieure. Parmi ses antécédents les plus mémorables, l’inauguration du bateau-galerie d’art Cargo21 en 2003 et l’incroyable échappée extraterritoriale European Sound Delta, chimérique croisière sur les affluents du Rhin et du Danube à bord de deux péniches – « Ange-Gabriel » et « Gavroche » – menée aux côtés d’une trentaine d’artistes. Le périple a été prétexte à de multiples expérimentations, telle une dantesque installation sonore qui cherchait à capter les bruits environnants, au moment où l’Ange-Gabriel glissait dans les entrailles d’une écluse géante, et les incorporer à un concert de Jean-Philippe Renoult et DinahBird qui s’improvisait sur le pont.

Autant dire qu’en sillonnant les voies fluviales de l’Est de la France à la Bulgarie en passant par l’Autriche, l’Allemagne, ou encore la Roumanie… le Collectif MU a fait l’apprentissage d’une création in situ dans des conditions qui flirtent avec l’extrême et d’un certain sens de la dérive. Dériver, c’est ne pas craindre de se détourner d’une direction donnée comme allant de soi. On louvoie sur les eaux comme on se s’éprouve dans la création : à tâtons, par des chemins troubles parfois inexplorés… Avec European Sound Delta, « toute l’idée du projet était d’établir une cartographie artistique et sonore à l’échelle européenne » retrace Olivier Le Gal (cofondateur du Collectif MU). La carte ne sera jamais le territoire mais peut approfondir la perception qu’on en a. C’était en 2008… Il était temps de reprendre le large. Avec Station Flottante, le Collectif MU renoue avec ce passé hydrophile.µ

Lancée en avril 2021 avec la diffusion d’un appel à projet éponyme, Station Flottante s’avance comme un laboratoire artistique mobile. En transhumance entre les Hauts-de-France et la région parisienne, elle met à disposition d’artistes sélectionné·e·s un lieu de vie et de création pour qu’iels expérimentent dans les domaines de la création sonore ou de la composition musicale. Le projet est à prendre comme une version augmentée de deux initiatives précédentes. En 2019, le Water Camp, université d’été à taille réduite, réunissait au quai du Lot workshops et tables rondes pour amorcer une réflexion sur : « les futurs écologiques ». En 2020, la première édition de Station Flottante embarquée à bord de l'Urban Boat, questionnait les liens entre art et écologie le long d'un périple entre Aubervilliers et Pantin.

L’Urban Boat, le vaisseau des créatif·ve·s et « makers »

Entre La Station Flottante et La Station - Gare des Mines, la parenté est évidente. Mais c’est grâce à l’amitié qui lie le Collectif MU à Alexia Balandjian et Nicolas Defawe (dit Nico), gérant·e·s de l’Urban Boat, que le projet a pris forme.

L’Urban Boat, aussi appelé « Thabor » du nom qui figure sur ses papiers officiels, est une péniche longue de presque 40 mètres que Nico n’hésite pas à comparer à un gros animal ronronnant ou rugissant, selon l’humeur, qui a besoin de grands espaces et d’être nourri allègrement. L’image en dit long sur la relation qui se crée entre l’équipage et la « machine », une fois la passerelle qui sépare de la terre ferme franchie. « La vie à bord est une expérience en soi et chaque kilomètre parcouru, une aventure à part entière » s’amuse Alexia. Celle qui a passé son permis bateau pour apprendre à manœuvrer le monstre sait de quoi elle parle.

Jusqu’en 2018, Alexia et Nico vivaient à Berlin et tenaient l’Urban Spree, galerie de street art. Quand iels ont acheté le Thabor auprès d’un marin à Douai, iels ne connaissaient rien à l’univers des batelier·e·s. Et « être propriétaire d’une péniche, c’est enfiler un peu toutes les casquettes à la fois : marin, électricien, mécano, plombier… » poursuit la capitaine. Une fois sur l’eau, on ne peut compter que sur soi-même. Alexia et Nico s’en sortent grâce à leur « côté bidouilleur », toujours curieux·se d’apprendre et de savoir faire par eux-mêmes. Iels le revendiquent : il faut aussi s’habituer à faire avec peu. La place à bord est limitée. Le raccordement à l’électricité, lui, inexistant. Quelques panneaux solaires sont là pour approvisionner l’équipage.

Aujourd’hui, le bateau n’est pas moins que leur « maison, leur projet et leur outil de travail ». Le projet de résidences à bord allait de soi, il s’articulait bien à leur envie de croiser différentes scènes, personnes et pratiques. « Pour nous, le bateau est avant tout un outil polyvalent qu’on désire mettre à disposition des autres. » L’Urban Boat est d’ailleurs bien équipé : espaces de travail, studio son et tables de mixage, mini-salle de projection. Mais les deux gérants du lieu ne s’en cachent pas, la péniche fait aussi appel au côté « maker » de chacun·e ainsi qu’à une certaine capacité d’adaptation. Raphaël Bastide, artiste monté à bord, les rejoint sur ce point : « On vit ensemble dans ce rythme de bateau. Tout est intense et il est impossible de tout planifier. »

Focus sur les artistes embarqué·e·s

Pour cette édition, « ont été retenus par le jury des projets qui étaient liés soit au son soit à l’eau soit à l’itinérance » nous dit Alexia « et suivant le potentiel qu’avait chacun·e de pouvoir intégrer la « réalité bateau » dans son processus ». Pas de contrainte de sujet, de genre ni même de résultat pour les résident·e·s. On attendait surtout qu’iels tiennent compte de quelque façon des environnements parcourus, parlant alors de « site specific art » (trad. « art situé »).

Être attentif·ve à un milieu, c’est l’éprouver matériellement. L’eau, par exemple, est une matière qui donne un rythme, une couleur, une certaine résonance aux sons… De l’électro-poésie d’influence hydroféministe à la harpe écosensible, les canaux n’ont pas manqué d’imprimer leur patte aux productions des résident·e·s.

Croisements Mécaoliques par Nathan Lerat

A 26 ans, Nathan Lerat a été le premier à se jeter à l’eau. Avec Croisements mécaoliques (des termes mécanique + hydraulique) il est l’inventeur d’une série de fontaines mobiles « faites main », des objets absurdes imaginés pour déambuler dans la ville.

Projetant au départ de transformer la péniche entière en fontaine géante, Nathan a finalement dû se rabattre sur une petite barque prêtée par Alexia et Nico. Peu importe : il est, dit-il, « un habitué des couacs et réajustements ». Et des couacs, il y en a eu d’autres… « On a travaillé sur un système de pompe immergée qu’il a fallu trouver un moyen d’alimenter en électricité. On a alors utilisé une batterie de voiture avec convertisseur électrique puis branché la pompe sur la barque ». À Bellastock, le public découvrait interloqué la barque menée par Nathan se remplir d’eau, à mesure que le jet de la fontaine s’actionnait, et menacer de couler. Mais c’est finalement la batterie qui a pris l’eau de façon imprévue, mettant fin de façon prématurée à la performance. « La faillibilité de mes dispositifs exprime peut-être que mettre en oeuvre des systèmes de production qui tirent leur énergie de l’exploitation des ressources est un modèle voué à se casser la gueule. »

Hors flow par Lola Barrett, Joanne Samson et Fanny Testas

Le temps de leur résidence, les trois filles de Hors flow – Lola Barrett, Joanne Samson et Fanny Testas – voulaient se soustraire aux flux incessants de l’urbanité. Sur l’Urban Boat, elles disent « avoir fait l’expérience d’une autre temporalité », loin des remous de la ville, et « d’une contemplation absorbante de la nature qui défile ». Pour elles, la pêche (posture à la fois immobile et à l’écoute de la vie aquatique) est une pratique inspirante. Armées d’hydrophones (micros étanches), elles ont fabriqué des cannes à pêche sonores et se sont lancées dans une collecte de sons à bord de la péniche, sur une barque, en kayak ou encore sur les berges… Croisant l’expérimentation bruitiste et le documentaire, elles ont aussi restitué l’activité humaine propre à l’écosystème fluvial en tournant leurs micros en direction de personnes rencontrées dans les parages. Le projet final propose une installation en forme d’aquarium contenant vase et déchets glanés dans les eaux et reproduisant l’univers sonore des canaux. « On en retire une certaine ambivalence » conclut Fanny Testas, «  les hydrophones censés enregistrer les bruits du milieu naturel nous entourant ont le plus souvent capter les bruits du moteur. Ça rend compte de la pollution sonore engendrée par la péniche pour toute la faune aquatique, réalité qui s’est imposée à nous. »

Station H2O [REPIRATE.E] par la Plateforme Cycle.s (Jamika Ajalon, Timothée Nay, Eden Tinto Collins)

Située à l’intersection des théories queer et décoloniales, la plateforme Cycle.s s’inspire de l’élément aquatique pour penser de nouveaux paradigmes. Elle fonctionne comme un laboratoire d’investigation menant ses réflexions à partir de corps situés. « Le fait d’être sur l’eau, c’est déjà se situer dans un contexte différent qui change notre regard sur les choses, le rythme de notre perception… » souligne Jamika Ajalon, « cette nouvelle topographie a permis à notre imaginaire de se déployer. » Parti·e·s de Pontoise, iels ont vogué jusqu’à Longueuil-Annel soucieux·ses des récits que leur contaient les fleuves et rivières. Mémoire des esclaves et exilé·e·s naufragé·e·s dont les mers sont le cimetière, rêves de communautés pirates autosuffisantes, réification des eaux en ressources… Station H2O [REPIRATE.E], performance jouée à Bellastock, fusionne politique et poésie. « No words just fluid code » (pas de mots, juste un code fluide) répétait la voix de Jamika Ajalon. L’eau, à la fois matière sonore et visuelle, nous engageait dans un univers perméable et non-binaire. Par chance, l’itinérance a conduit la plateforme Cycle.s jusqu’au Pardon de la batellerie, une grande fête populaire en l'honneur des anciens combattants de la batellerie morts pour la France, qui leur a permis de connecter leur passage à bord à tout un contexte social. « Sur place, on ressentait avec force l’histoire des batelier·e·s qui ont vu leur métier menacé de disparaître et lancé des blocages avec leurs bateaux » raconte Timothée Nay, « c’était super de pouvoir montrer la performance dans cette ville alors que le curé était présent pour bénir les navires. »

ZEITGEIST par Virgile Abela

Embarqué à Longueuil-Annel, Virgile Abela est resté à bord de l’Urban Boat jusqu’au terme du parcours. Captivé et séduit par la vie sur les canaux, il a convaincu l’équipage de prolonger sa résidence d’une semaine. « On est passé de la pleine campagne à la ville à une allure proche de la marche à pied » retrace-t-il, les souvenirs encore frais. Son désir était « de se mettre à la dimension du fleuve pour faire corps avec la situation ». Une partie de son travail consistait à filmer et capter les diverses déformations du paysage – par la main de l’homme ou les éléments naturels qui produisent aussi leurs effets. Musicien et plasticien, sa résidence a été l’occasion de développer une harpe éolienne en mesure de jouer de la musique à partir du paysage dans lequel on la place tout en venant l’habiter de sa présence sonore. La corde longue de l’instrument reliait l’avant et l’arrière de la péniche et permettait de s’imprégner de toutes les vibrations environnantes. Selon Virgile, « c’est une manière de se rendre à l’écoute de la rumeur du monde. »

Cascade par Raphaël Bastide

Artiste issu du « net art », la participation de Raphaël Bastide à une résidence focalisée sur les liens entre art et environnement n’avait a priori rien d’évident. Avec son projet Cascade, il montre qu’un dialogue entre réel et virtuel est possible. Interface numérique se situant entre le navigateur web et la « proto-oeuvre sonore », Cascade est une sorte d’instrument de composition en libre accès qui puise dans une sonothèque de bruits captés sur l’eau et convertis en blocs CSS (« Cascading Style Sheets »). L’itinéraire de la péniche lui-même a été traduit en une ligne rythmique. A Bellastock, pendant sa performance de live-coding où il opérait une démonstration du dispositif, Raphaël projetait également des photos de paysages prises à bord. « C’était un va-et-vient permanent entre l’audio et le visuel, tout comme deux histoires se croisaient : celle du fil d’images retraçant l’itinérance avec les immeubles, la végétation, le décor urbain… et celle du codage en direct ». Ses archives de voyage passées au filtre du langage informatique parviennent à raconter une nouvelle histoire, plus sensible à la rythmique, à l’empreinte sensorielle des choses vues et leur puissance d’évocation. La liberté avec laquelle il réordonne des sons « réels » paraît rappeler à l’esprit que nos souvenirs ne sont jamais qu’une réinterprétation du passé.

La transhumance

Chacun·e à leur tour, les artistes mentionné·e·s ont disposé d’une résidence de 7 jours. Pendant ce temps, l’Urban Boat voguait en suivant un parcours jalonné d’événements estampillés « Station flottante » ou se greffant à des programmations des territoires traversés. No Mad Festival, Garage MU Festival, Sonic Protest, Auber Graffiti Show… La péniche s’est tour-à-tour muée en scène de concerts et dj sets, en cinéma en plein air, a reçu dans sa cale performances, workshops de phytofiltration et de lutherie avec des jeunes. L’idée d’un « laboratoire artistique nomade » est d’apporter une proposition artistique dans des espaces non-conventionnels, des inter-zones. De faire vivre une scène éphémère qui prend vie autour de la péniche et créer ainsi de l’espace public en occupant le terrain. « Tou·te·s les artistes ont joué le jeu de tenter une représentation pendant leur temps de résidence alors même qu’il s’agissait d’un travail en cours, non-achevé » se félicite Alexia.

En lien avec l'Été du Canal en Seine-Saint-Denis, l’équipage a même accueilli sur le pont l’Orchestre « tout terrain » du Nouveau Théâtre de Montreuil qui a joué tout un après-midi, offrant aux riverain·e·s sur les berges un étonnant concert en mouvement. Il était question de réinterpréter les hymnes nationaux de pays à travers le monde (Québec, Iran, Ecosse, Inde…), cousues entre elles par une histoire qui met en récit les imaginaires autour desquels se sont constituées les nations, des constructions territoriales questionnables dont une conteuse a remonté le fil tandis que la péniche descendait le canal. Alexia raconte : « il y avait un vrai effet roulotte. Partout où on passait, même en zone très rurale, les gens s’amassaient sur la rive à notre passage ».

L’Urban Boat à Bellastock, la rencontre de deux hétérotopies

Ultime étape pour Station flottante, le festival Bellastock les 17 et 18 juillet. Créé il y a 16 ans par des étudiant·e·s en architecture en mal de pratique, Bellastock se propose de les emmener sur le terrain pour qu’iels expérimentent matériaux et prototypes à échelle réelle. Chaque édition enchante un nouveau site, le chantier collectif aboutissant à la construction d’une ville éphémère que l’on ouvre au public. « C’est un festival qui ne se consomme pas mais se construit » résume Antoine Aubinais (co-fondateur). Il y a manifestement une sensibilité commune à Bellastock et l’Urban Boat car vivre sur une péniche implique en soi un mode de vie frugal et une quête d’autonomie.

Le Collectif MU, lui, est partenaire de Bellastock pour la deuxième année consécutive. « L’équipe MU appréciait le côté libre et créatif du festival. On a rencontré avec elle un nouvel éco-système d’acteurs culturels » se réjouit Antoine Aubinais. Cette année, iels ont imaginé des tables rondes avec Arnaud Idelon comme chef d’orchestre pour mettre en lien artistes, chercheur·se·s, écrivain·e·s, scientifiques, architectes, acteur·ice·s territoriaux·ales… Assis·es sur des ballots de paille, des bancs ou directement sur le sol, à l’ombre d’une toile tirée, on cherchait ensemble des moyens de désanthropocentrer notre rapport au monde. Parmi les pistes évoquées : la réintroduction de la notion de « care » dans notre rapport au paysage et d’apprendre à « ménager » les territoires. « Le vivant n’est pas un simple décor soumis à la main de l’homme » énonçait très justement Zoé Bourret (chargée de mission à Bellastock).

Cette année, Bellastock s’est tenu à Evry-Courcouronnes, dans le parc d’un ancien château à l’abandon où la nature a repris ses droits. Pour la première fois, il s’installe sur un même site pour au moins 3 ans. Antoine Aubinais précise « Cette fois-ci, on n’a pas demandé aux participant·e·s de construire un abri mais de suivre un·e paysagiste pour prendre conscience de l’environnement total du lieu ». L’intervention de La Station Flottante vient ici interroger la place de la Seine comme élément structurant des territoires. Généralement, les habitant·e·s d’Evry profitent peu des bords de Seine, situés à quelques pas du parc du château de Bellastock, car le centre-ville a été aménagé à l’opposé. Il y a un vrai enjeu à réinvestir cet endroit, à le faire découvrir et apprécier.

Quand l’Urban Boat a accosté, il s’est passé quelque chose d’indéfinissable. « Concrètement, il a fait surgir les berges » se remémore Alexia. Comme un vaisseau pirate, il a débarqué sans crier gare et créé du remue-ménage en investissant un terrain qui passait jusque-là pour invisible. S’en est suivie une grande fête rassemblant toute la communauté formée autour de la Station Flottante. Le bateau resserre les liens physiques – lui qui pousse à vivre en promiscuité, tou·te·s bercé·e·s au même rythme des flots et par le ronronnement du moteur tour-à-tour envoûtant et assourdissant – mais aussi plus immatériels, développant un réseau d’idées, de pratiques, de visions.

La nuit tombée, les danseur·se·s étaient de plus en plus nombreux·ses à s’agréger sur la bande de terre qui fait face à la péniche amarrée tandis qu’Omen, Cascade, Olaf Hund se succédaient sur le pont avant de confier les platines à Nico. L’univers aquatique et terrestre s’épousaient, les réseaux et possibles s’élargissaient. Au cours du week-end, on a même vu se reformer le Placard – dispositif de concerts au casque et streamés lancé par le musicien Erik Minkkinen. Vestige d’une époque où internet reliait les gens sans être satellisé ou détourné par les industries, le Placard ne renaît de ses cendres que ponctuellement, pour surgir là où ça lui chante. Monté à la lisière de Bellastock, il a permis à la scène de Station Flottante de faire porter sa voix au-delà d’Evry ; en Belgique, en Autriche, par-delà toute frontière.

Pour ses instigateur·ice·s, l’aventure Station Flottante n’en est qu’à ses débuts. « On rêve d’aller sur le Danube, comme à l’époque de European Sound Delta » confie Alexia « et on est en bonne voie, mais ça se fait par saut de puce ! ». En attendant, l’Urban Boat bénéficie d’un réseau qui se densifie le long des canaux et fleuves, formant un archipel d’îles hospitalières pour la communauté nomade.