L’Air de Repos : espace d’accueil et de soin destiné aux exilé·e·s

Publié le 16.09.21 — Par Manon Schaefle

Photographies : Christopher Chiffoleau

Créé pour donner une nouvelle envergure à un engagement du lieu culturel et de collectifs amis auprès des personnes en situation d’exil du nord-est parisien, l’Air de Repos sera inauguré en octobre après avoir catalysé énergies et savoir-faire. La Station – Gare des Mines et l’association Coucou Crew s’étaient données les deux mois d’été pour bâtir collectivement cet espace consacré à l’accueil et au soin sur le terrain de la Station Nord et réunir les fonds qui serviront à ses futures activités. Entre architecture, médiation artistique et thérapeutique, bienvenu·e·s dans les coulisses du chantier décortiqué en quatre temps.

Si le contexte s’est bon gré mal gré apaisé, le projet « Air de Repos » est né dans la tourmente du cycle infernal de constitution-destruction de campements et des opérations de police qui ont rythmé la vie de la Porte d’Aubervilliers de l’été 2018 à décembre 2019. Aujourd’hui, des sortes de « tiers-paysages », étendues recouvertes d’herbes et de plantes sauvages, ont surgi sur les bandes de terre bordant en surplomb les voies du périphérique, mais elles peinent à faire oublier ce qui était il y a de ça quelques mois un immense campement aux conditions de vie extrêmement précaires.

Implantée sur cette terre d’accueil mais aussi d’errance pour les plus exclu·e·s, il n’a pas toujours été simple pour l’équipe de La Station (gérée par le Collectif MU) de garder le cœur à la fête. Pour soutenir l’accompagnement des populations isolées, migrantes et réfugiées, elle a lancé plusieurs initiatives, le plus souvent de façon informelle. Il y a d’abord eu l’accueil du Good Chance Theatre en avril 2017, en lien avec le centre d’accueil et d’orientation « la Bulle » créé par la Ville de Paris à La Chapelle. Très vite, la Station reçoit également de nombreux concerts de soutien et met à disposition des espaces pour la préparation de repas distribués par des collectifs. Face à la chaleur de l’été 2018 et devant la fermeture de certaines fontaines publiques du jardin Anaïs Nin, l’équipe décide l’ouverture d’un point d’eau en libre accès de l’autre côté du mur qui sépare la Station du chemin qui borde le périphérique. Quelques mois plus tard, ce sont près de 2500 personnes exilées qui peuplent les tentes réparties aux quatre coins du rond-point de la Porte. Elles sont rejointes à l’automne 2019 par des usagers·ères des drogues dès l’évacuation de la colline du crack de la Porte de la Chapelle, rendant l’atmosphère de l’échangeur du périphérique encore plus irrespirable. Plusieurs médias se saisissent de la situation, parfois sans précaution et avec sensationnalisme. Les relations au sein du quartier s’avèrent tendues. Un collectif d’habitant·e·s se crée, et une évacuation en deux temps est finalement organisée entre décembre 2019 et janvier 2020. Depuis, les tentes ont disparu du paysage mais toutes les difficultés sont loin d’être résorbées… et les besoins sont bien présents.

Avec la création du Coucou Crew hébergé entre ses murs depuis 2018, La Station s’est également engagée dans des activités d’un autre genre, proposant permanences d’écoute psychologique (groupe de parole et consultation individuelles) et moments de convivialité et de détente aux jeunes exilé·e·s. Des concerts et sorties culturelles leur sont proposés grâce à différents partenariats (MC93, La Station…). Sont mis en place dans la foulée les « goûters musicaux » – temps de discussion et d’écoute partagés autour d’un goûter, et les « samedis musique » durant lesquels les jeunes peuvent librement utiliser le studio son et le matériel de la radio Station Station avec le musicien Tropical Horses pour s’essayer à la production musicale ou sonore. Le succès de ces activités aux multiples vertus va grandissant, les rencontres ravissent tout le monde, les idées fleurissent… Et c’est ce travail que l’Air de Repos vient poursuivre.

Atterrir

Les contours du projet « Air de Repos » se dessinent en 2019, quand le collectif MU obtient l’exploitation temporaire d’un demi-hectare de friche qui vient s’ajouter à son terrain de jeu initial. Et l’endroit sur lequel s’apprête à atterrir l’Air de Repos se situe à Station Nord, soit une parcelle de 5 000 m² de terrain appartenant à la SNCF puis rétrocédé à la ville de Paris.

« Cela s’est fait à l’issue d’un intense travail de sensibilisation débuté à l’été 2018 auprès de différents cabinets d’élus de la Ville de Paris (urbanisme, culture, vie nocturne…) en marge de la concertation publique sur l’avenir de la ZAC des Mines. Car dans le même temps, le projet urbain ancien de 2010 dans les limbes s’était trouvé relancé par l’atterrissage de l’Arena 2 des JO 2024 à la Porte de la Chapelle », précise Olivier Le Gal (co-fondateur). Parallèlement, sur le plan interne, une autre concertation s’était engagée. Pour ce nouvel espace qui pourrait leur être confié, un désir s’affirme : approfondir le rapport à la culture comme un champ alternatif, participatif, appropriable par chacun·e·s… et faire de La Station un véritable commun.

Quand il a fallu poser les bases du chantier, le premier enjeu a donc été de tenir compte de son territoire d’implantation. Que le lieu conçu ne soit pas un énième projet hors sol, déconnecté des réalités qui l’entourent… Il a fallu atterrir, pour reprendre l’expression de Bruno Latour.

Concrètement, on y trouve une ancienne gare à charbon, bâtiment-hangar qui plonge dans un décor industriel et… de grandes étendues vides traversées par des rails. Il y a peu, le site était encore exploité par une entreprise de matériaux du BTP. Il conserve l’empreinte, la mémoire vive de ces anciennes activités. Le terrain est aride, extrêmement minéral. « C’est un désert de béton sous lequel on trouve des couches de sable, encore et encore du sable quand on creuse » décrit Roman Szymczak, architecte membre de l’Atelier Craft. Niveau végétation, ce sont surtout des ailantes – des plantes connues pour se plaire dans les sols pollués – qui ont poussé là. L’endroit a été aménagé pour faciliter la circulation de trains puis de camions, l’entrepôt de sables, gravats, tuiles… mais pas pour l’accueil de personnes. Un terrain bétonné est par exemple vite inondable, alors réintroduire des surfaces de terre et de végétation est essentiel pour drainer le sol. C’est l’un des défis posés à Camille Fréchou, paysagiste et jardinière invitée sur place avant même le début des travaux : faire un diagnostic de la flore existante et des possibilités de la valoriser.

Chargé du gros œuvre, l’Atelier Craft a de son côté été très attentif à deux choses. « Comme on est dans un lieu d’urbanisme transitoire, il était inconcevable pour nous de dessiner un bâtiment voué à être détruit » explique Roman Szymczak. Les architectes ont donc travaillé sur un modèle de structure et de mobiliers entièrement démontables. Les meubles (chaises, tables…) sont par exemple conçus à partir de chutes de bois de charpentes qui s’emboîtent et se déboîtent. Le squelette de l’Air de Repos, lui, se compose de huit grands triangles en bois solides mais très simplement assemblés et qui peuvent donc être déplacés et remontés ailleurs, si La Station est un jour contrainte de fermer…

Implanté sur un terrain vague, l’Air de Repos est par ailleurs fortement exposé au soleil et aux intempéries. Il était nécessaire qu’on lui conçoive un système d’isolation spécifique, pour être à la fois confortable et sobre en énergie. Le mur côté Nord a été réalisé avec un mélange de terre et de paille, très bon isolant naturel. Côté sud, la fabrication du mur s’appuie cette fois sur une technique dite « mur trombe » qui imite l’effet de serre pour bénéficier de l’énergie gratuite du soleil en hiver et réguler la température à l’intérieur en été.

Faire refuge

Toujours dans cette logique d’atterrissage, La Station – Gare des Mines est attentive au tissu social du territoire. Publics, voisin·e·s, invité·e·s… Des liens se sont déjà créés et un effort permanent est maintenu pour les entretenir et les faire se ramifier encore. 
Les 50m2 de l’Air de Repos, plus spécifiquement, se destinent au public du Coucou Crew : mineurs isolés étrangers, demandeurs d’asile, réfugiés… la plupart ayant entre 15 et 30 ans, surtout des hommes. La rencontre avec eux s’est faite parce qu’ils vivent ou ont vécu ici, le plus souvent dans des campements, ou par le bouche-à-oreille. Eux aussi font « l’âme » du quartier, bien qu’ayant atterri ici sans statut, ressource ni repère solide. L’idée est de leur offrir un espace rassurant où ils puissent prendre leurs marques, et se (re)construire tout en pérennisant les activités du Coucou Crew.

A l’origine du Coucou Crew il y a Juliette Delestre, jeune psychologue clinicienne qui désire s’engager pour les exilé·e·s de la Porte d’Aubervilliers et s’interroge sur ce qu’il est possible de faire à son niveau. Fin 2017, elle part à la rencontre des principaux concernés ainsi que de différents collectifs. « Les actions humanitaires étaient nombreuses, mais très peu d’entre elles étaient pensées pour proposer quelque chose face à l’immense besoin de souffler, de se poser et de parler des jeunes, pourtant largement palpable ». Ce tour d’horizon la conduit à partir en quête d’un lieu pour proposer des permanences de soutien psychologique. Elle croise rapidement la route du collectif MU qui lui ouvre grand ses portes, mais sans pouvoir vraiment dédier un espace à cette activité faute de place car chaque cm carré de la Station est déjà bien occupé ! « On a commencé dans les sous-sols de La Station. On n’avait aucun frais à payer pour l’utilisation de l’espace ni de dépenses à notre charge pour l’organisation des groupes de parole… Ça nous a permis de lancer l’association ».

En 2019, le groupe constitué autour de Juliette Delestre se structure et devient officiellement le Coucou Crew – le côté « crew » symbolisant l’idée de lien qu’elles espèrent créer avec les jeunes et le « coucou » une façon sympa de se dire bonjour. Manifeste, l’envie de proposer quelque chose de différent, décalé et davantage tourné sur l’accompagnement de long terme. « On a remarqué que pendant des distributions de repas, les personnes ont tendance à être noyées dans une masse de gens. Nous, on voulait à l’inverse que chacun·e puisse exister dans son individualité » souligne Juliette Delestre, « la musique est un très bon prétexte aux échanges. Ça crée une rencontre moins frontale et plus chaleureuse. »

Aujourd’hui, le Coucou Crew accompagne plus d’une centaine de jeunes. Faire refuge : ça signifie d’abord que l’Air de Repos vise à sanctuariser un lieu pour eux. « On a ouvert une réflexion sur la notion d’accueil, tant pour déterminer de l’architecture du lieu que des pratiques qui y seront développées », précise Juliette Delestre. Groupes de parole, jardinage, cuisine, cours de langue française, musique… De nombreuses activités artistiques à dimension thérapeutique, des entretiens de soutien psychologique, seront sont déjà proposées, mais ce sera aussi tout simplement un endroit où il est possible de se poser, de rêver, se divertir. « Le repos prend le contre-pied de la posture d’attente et d’errance dans laquelle les jeunes sont le plus souvent enfermés et qui a pour corollaire une forme de stress ou d’angoisse avec l’attente des papiers, l’attente de nourriture, l’attente d’un hébergement…» suggère David Georges-François (co-fondateur), « l’Air de Repos vise à créer des situations qui rompent avec cet état imposé, dans le cadre d’un espace-temps propice à l’attention, au soin, à l’expression et au partage de subjectivités, sensibilités, savoir-faire… ».

Co-construire

Qu’est-ce qu’un espace d’accueil ? Comment créer un espace réellement inclusif ? Et comment éviter de reproduire les effets d’un endroit mis à disposition, mais où personne ne se sent vraiment à l’aise ? C’est autour de telles questions qu’il a fallu plancher. Immédiatement, l’idée de co-construction s’est imposée. L’enjeu est de reconnecter l’architecture aux usagers·ères, d’en faire quelque chose de vivant, qui va se nourrir d’un contexte, des personnes… Dans ce type de démarche, on a peu de maîtrise sur l’ouvrage final et on favorise le processus, la manière de faire ensemble et d’occuper l’espace.

La dimension participative du chantier a débuté par un temps de co-conception en avril 2021, coordonné par l’association ICI! qui s’assurait que chacun·e dispose des moyens d’exprimer ses idées et d’être entendu·e, que la parole des pros ne devienne pas invasive au détriment du collectif.
Pendant une semaine, on s’est donc réuni·e·s pour travailler ensemble : jeunes du Coucou Crew, psychologues, architectes, bénévoles, membres de MU… A ce stade, aucun impératif n’était donné. L’un des ateliers consistait à décrire un lieu dans lequel chacun s’est senti accueilli. Souvent, c’est une forme ronde, comme un cocon, qui venait en tête. Mamadou, jeune malien, s’est lui tout de suite remémoré le « Gnamatoutou », un coq de pagode dont le chant se fait présent dans tout souvenir qu’il garde de chez sa grand-mère – endroit réconfortant par excellence. Vient aussi l’envie récurrente de pouvoir s’isoler et se mettre en hauteur, comme dans un nid. « Je l’ai interprétée comme le fait que ces jeunes, au quotidien, sont littéralement cloués au sol, retenus dans des espaces et des conditions plus que précaires et sans aucune occasion de s’en échapper » indique Clément Aquilina, architecte à ICI! « L’atelier consistait à traduire en formes architecturales ces choses de l’ordre du ressenti. »

Camille Fréchou, venue animer un atelier d’une journée sur l’aménagement des extérieurs, ajoute de son côté que « les jeunes étaient surtout sur des questions d’usage : pouvoir jouer au ping-pong, avoir des chaises longues, chiller… Tou·te·s se sont retrouvé·e·s autour de l’importance d’introduire des arbustes et de la végétation, pour retrouver de l’ombrage, des oiseaux, de la fraîcheur et donc de la vie. 

A l’issue de la phase de co-conception, un cahier des charges a été transmis à l’Atelier Craft chargé d’établir le plan final. Tout a ensuite été affaire de concessions et d’adaptabilité. En raison de contraintes techniques, la structure d’ensemble n’est finalement pas ronde comme prévu mais… triangulaire. Cependant, elle a l’avantage de ne nécessiter aucune fondation creusée dans le sol, fruit d’une réflexion sur la réversibilité du construit. « Il était hors de question en revanche de renoncer à l’envie de hauteur, sauf qu’un étage surélevé posait des problèmes au niveau de la réglementation ‘tente et chapiteaux’ dans laquelle on voulait s’inscrire » indique Roman de l’Atelier Craft, « pour cette raison, on l’a traduite par une structure d’un seul grand volume au sol avec un filet en suspension très solide. Cela permet de créer un nouveau point de vue et une nouvelle manière d'habiter le volume pour aller dans le sens du cahier des charges co-conçu. »

La phase de co-construction, elle, s’est déroulée pendant deux semaines en juillet. Pendant ce très court laps de temps, on a vu s’ériger l’immense structure pyramidale de l’Air de Repos, comme poussée du sol. « L’idée était que le chantier avance vite, pour que les participant·e·s voient le fruit de leur travail et l’espace se former sous leurs yeux ». Les huit « fermes » (les grands triangles en bois qui forment le squelette du bâtiment) avaient été pré-fabriquées par l’Atelier Craft avec l’aide de trois jeunes qui ont appris et réalisé tous les gestes. Et pendant les 14 jours du chantier, les participant·e·s se sont relayé·e·s pour monter la charpente, les murs en terre crue, creuser les espaces végétalisés, fabriquer les meubles…

Au jour le jour, il s’agissait de faire en sorte d’inclure chacun·e. Cela passait notamment par un emploi du temps souple car beaucoup des jeunes sont scolarisés ou ont des contraintes lourdes liées à leur demande de statut. « C’était la première fois que j’organisais un chantier avec ce type de public » raconte Clément d’ICI! qui a l’habitude d’animer des chantiers participatifs avec des habitant·e·s et enfants. « Tout a été extrêmement fluide et efficace. Les principes et matériaux d’éco-construction sont un bon médium pour transmettre, car tout le monde peut s’en emparer. » Pour lui, la terre est par exemple un excellent pont : dans chaque pays, chaque culture, c’est un matériau que l’on connaît, qui ravive des images, des souvenirs, des manières de faire…

Expérimenter

La structure de l’Air de Repos qui s’est érigée durant le chantier collectif ferait presque de l’ombre à la grande scène de la Station Nord située à quelques mètres. Mais là n’est pas l’idée. Au contraire, il s’agit que tout le monde trouve sa place sur ce vaste terrain baptisé l’été dernier de ses premiers concerts. Que de nouvelles synergies émergent de la proximité entre différents espaces, publics et activités.

En marge de l’Air de Repos se développent d’autres projets auxquels il prend part, le tout créant un dialogue total. La paysagiste Camille Fréchou a par exemple pensé les espaces verts à l’intérieur de l’Air de Repos et sur son parvis de façon à ce qu’ils participent à tout l’écosystème en train d’être recréé sur le site de la Station Nord. La future aire de compostage, les jardinières hors-sol et îlots végétalisés répondent aux grandes allées investies de plantes rudérales sur les rails qui traversent le terrain, après que les deux « saignées » eurent été remplies de terre fertile l’année dernière. Il est ensuite prévu que les espaces végétalisés et l’aire de compostage servent de socle pour des pratiques hybrides et deviennent l’épicentre de rencontres, de processus créatifs et de la transmission de savoirs à l’occasion d’événements et ateliers incluant jeunes du Coucou Crew, acteur·ice·s du champ culturel, habitant·e·s sur des thèmes comme l’agriculture urbaine.

Des artistes qui croisent des architectes, des maître·sse·s-composteur·se·s fricotant avec les programmateur·rice·s… Ces méthodes collaboratives ne sont pas nouvelles pour l’équipe de la Station. En effet, cela faisait longtemps que de telles démarches étaient à l’œuvre au sein du Chantier permanent, un « programme artistique situé » déployé sur place depuis 2018. « On est parti de ce quartier qui n’en est pas un, avec des flux de véhicules mais peu de passants. C’est comme un non-lieu », explique Line Gigot (co-responsable et co-curatice du programme). Chantier permanent ouvre un espace de réflexion sur le territoire par le biais de pratiques artistiques et s’attache à fabriquer du lien par le geste de « créer ensemble », à réinjecter de l’humain dans les dynamiques urbaines. Pour preuve, le four-sculpture des artistes Julia Borderie et Eloise Le Gallo, construit à côté de l’Air de Repos avec la contribution de personnes du Centre culturel et social Rosa Parks, d’un prof d’histoire-géographie du coin et de jeunes exilé·e·s. Oeuvre-outil creusée à même le sol, elle regroupe différents usages : faire se rencontrer plusieurs personnes autour d’une œuvre in situ et collaborative, attirer l’attention sur le sous-sol du lieu et enfin servir de four à céramique.
Les perspectives communes du Chantier permanent et de l’Air de Repos sont d’ailleurs nombreuses. « On crée des nouveaux modes d’habiter la Station et des nouveaux usages autres que la fête et l’événementiel, pour continuer à penser des liens non-évidents au sein d’un espace hétérodoxe. »

Et l’Air de Repos matérialise lui aussi la rencontre possible. Le Coucou Crew cherche à proposer de nouveaux espaces de sociabilité et d’expression pour les jeunes en situation d’exil souvent très isolés. Accueillir, c’est aussi encourager la prise de confiance. A ce titre, l’Air de Repos est un espace non totalement défini, car un espace ouvert. « On tente de ne pas anticiper ou préfigurer les besoins mais plutôt d’observer et de s’adapter » conclut Thomas Carteron de l’équipe MU, « il y a beaucoup à apprendre en laissant les choses se faire d’elles-mêmes et en les soutenant logistiquement ». Le tout est fait pour laisser de la place à l’émergence de nouvelles idées, collectivement, au gré des rencontres. Les initiatives se développeront de façon spontanée, dans l’optique de favoriser l’inclusion.